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Une Histoire d'Escalier


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Une fille sur l'escalier

Un lundi, Marie, une de mes amies, m’appelle en me disant qu’elle ne supporte plus l’état dans elle lequel se trouve quand elle est dans sa belle-famille.

Nous avons tout de suite commencé à tapoter. Le déroulement de la « séance », dynamique et fluide, était exemplaire pour plusieurs raisons. Vous trouverez mes commentaires à la fin du récit de Marie.

 Voici son histoire :

Depuis 20 ans, j’angoisse d’avance quand nous devons nous rendre dans ma belle-famille. Je suis exaspérée d’être obligée de me plier à un devoir social vide de sens. À l'instant même où je vois ma belle-mère, mon stress est à son comble, je suis comme paralysée, j’ai mal au ventre, je me sens toute serrée de l’intérieur. C'est plus fort que moi, chacune de ses paroles, chacun de ses gestes m’irritent au plus haut point et je suis incapable de prononcer le moindre mot. Je me définis plutôt comme quelqu’un de sociable, engageant facilement la conversation. La plupart du temps je m’intéresse sincèrement aux gens, j’aime les écouter, je ne les juge pas, je les prends comme ils sont. Par conséquent je suis rarement mal à l’aise. Mais avec ma belle-famille, c’est tout le contraire, je ne les prends pas comme ils sont, je ne me reconnais plus. Je suis sur la réserve tout le temps, je me sens isolée, mal à l’aise, pas reconnue, pas visible. Je n’arrive pas à parler de moi, de mes centres d’intérêts ou de quoique ce soit qui me concerne.

 

Le week-end dernier, c’était la fête des 50 ans de ma belle-sœur, une grande partie de la famille était réunie (principalement du côté de ma belle-mère) en plus des amis que je ne  connaissais pas du côté de ma belle-sœur.

Ce fameux week-end, j’ai eu l’impression de vivre un enfer. J’avais tout le temps mal au ventre.  Je me sentais désespérée de n’être pas reconnue, pas accueillie.... Même si je voyais bien que la situation réelle ne correspondait pas vraiment à ce que je ressentais.

Quand je suis rentrée à la maison, j’ai décidé qu’il fallait que cela cesse et j’ai appelé Bianca au téléphone pour faire le point.

- J’ai passé un week-end épouvantable !

- Bianca : Super ! On va pouvoir explorer ça. Je te propose de commencer à tapoter.  

Après avoir fait le récit de mes ressentis du week-end et plus largement des vingt dernières années, Bianca me demande :

-  Cet état de contrainte que tu décris, l’as-tu déjà ressenti à un autre moment de ta vie ?

 - Non, jamais. Mes parents étaient des personnes qui ne supportaient pas les contraintes sociales et qui ne nous imposaient rien.

Au moment où je prononce ces mots, une image me revient ! C’était l’image d’un escalier.

Lorsque j’étais enfant, mes de grands-parents des deux côtés vivaient dans la même ville. Ma petite sœur et moi étions très proches de nos grands-parents maternels, nous les adorions et passions toutes nos vacances chez eux. Nous étions libres de tout et accueillies comme des princesses. Mais, à un moment donné, ma grand-mère maternelle culpabilisait et elle nous imposait d’aller dire bonjour à mes autres grands parents, pensant qu’ils étaient malheureux que nous ne les voyions pas.

Mon souvenir remonte à mes cinq ans, ma sœur en avait deux. Quand nous arrivons, ma grand-mère paternelle nous salue sans enthousiasme particulier, mon grand-père reste plus loin, accueillant ma grand-mère maternelle avec beaucoup de formalisme. Ma grand-mère paternelle nous dit que nous n’avons pas le droit d’aller à l’étage (ils ont peur qu’on casse quelque chose), et pas non plus le droit d’aller dans le bureau de mon grand-père. Les adultes, eux, s’installent au salon, (il n’y a plus de places pour nous et nous ne sommes pas invitées à les rejoindre). Pour ma sœur et moi il ne reste que l’escalier. Et là, assise sur les marches, c’est le vide, je ne sens rien, je ne comprends rien, sauf qu’il nous faut attendre que notre grand-mère maternelle nous fasse signe qu’il est temps de rentrer.

Bianca : - Quelles étaient les relations entre tes grands-parents des deux côtés ?  

- Mes deux grands-pères se détestaient. Ils avaient, chacun de leur côté, fait partie de la Résistance pendant la Deuxième Guerre Mondiale, mais dans des sections politiquement opposées. On peut dire, qu’au fond, ils sont toujours restés sur le pied de guerre.   

Je me rends alors compte que je déteste ma belle-famille, comme ma famille paternelle détestait ma famille maternelle, et inversement.

Bianca : - Revenons à l’escalier. Pourrais-tu aller voir cette petite toi, installée sur les marches ? Comment est-elle ? »

- Elle a le regard vide, elle semble figée, paralysée.

Bianca : - Est-ce que la grande toi, pourrais aller la voir ?

- Oui. Pour l’instant, la petite ne me voit pas, elle regarde droit devant elle.

Bianca : - C’est très important de respecter ce qu’elle ressent, il ne faut pas la brusquer. Que pourrais-tu faire pour te rapprocher d’elle ? »

Je m’assois sur les marches en dessous d’elle, elle me toise, mais ne me dit rien.

- Très bien, est-ce que tu peux lui parler ?

- Bonjour, je suis une grande toi, je viens de ton futur, c’est grâce à toi que je suis là et je suis heureuse d’être ici avec toi. Est-ce que tu as envie de parler de quelque chose ?

D’abord, la petite ne répond pas, puis elle finit par dire :   

- J’attends...

- Qu’est-ce que tu attends ?

- Je ne comprends pas pourquoi je suis là, pourquoi il faut venir ici. Ils ne m’aiment pas. Ils ne veulent pas nous voir.

Bianca demande si je peux m’approcher un peu ou peut-être toucher sa main.

Je touche sa main, elle ne la retire pas mais reste distante, comme si elle ne s’intéressait pas à moi. Soudain, elle retire      violemment sa main et crie qu’elle est très fâchée. En effet, je vois qu’elle est très en colère. 

Bianca suggère que je tente de lui présenter l’EFT comme un jeu magique pour apaiser sa colère.

- Je connais un jeu de boutons magiques que m’aide à aller mieux quand tout va mal. Est-que tu veux voir ?

- D’accord.

Je montre sur moi comment tapoter et elle trouve ça très drôle. Elle s’en empare, nous tapotons ensemble et sa colère descend rapidement. Elle est apaisée.

- Qu’est-ce qui se passe maintenant ?

- Ça va mieux, mais c’est nul d’attendre !  J’en ai assez, je veux rentrer à la maison mais je ne peux pas !

Bianca propose de faire venir une fée auprès de la petite moi.

- Je te présente mon amie la fée. Tu peux lui demander ce que tu veux.

- Je veux jouer.

- Alors, je vais te prêter ma baguette magique et tu vas pouvoir jouer. 

À ce moment-là, la petite s’empare de la baguette, se lève et se met à flotter dans l’air, elle agite sa baguette dans tous les sens et cela fait une poussière d’étoiles qui se répand partout dans l’escalier. Puis, la petite vole jusqu’à son grand-père austère et renfrogné et lui tapote le nez avec la baguette. Il se met à sourire et à jouer avec la petite qui a l’air est très heureuse.

Je reviens à moi et m’émerveille d’avoir « vu » un sourire sur le visage de mon grand-père, car dans la vraie vie, il me semble ne jamais l’avoir vu sourire. Mon regard sur lui change complètement, il est beaucoup plus humain et gentil. Je me sens tellement soulagée. Le poids et le ventre serré ont complètement disparu. J’ai l’impression d’être de nouveau libre.

A la pensée de revoir ma belle-famille dans un mois, je me surprends à éprouver aucun stress, aucun mal de ventre, aucune appréhension. Je suis sereine.

Quelques jours après cette séance, j’apprends que ma belle-mère souffre de l’épaule et devra subir la même opération que moi. Je l’appelle spontanément, (c’est la première fois en vingt ans !) pour lui parler de son problème. Elle me raconte longuement toutes ses péripéties médicales (elle est très bavarde). Je l’écoute patiemment sans que cela ne me procure ni colère, ni énervement, ni lassitude. Je me sens même utile et concernée. J’arrive à lui donner des conseils et à m’exprimer sereinement. Nous restons vingt minutes en ligne. Je raccroche en me surprenant d’avoir pris du plaisir à partager ce moment avec elle. Le jugement et la contrainte ont disparu.

Les vacances de Noël arrivent un mois après. Le test devient réel. Je n’ai aucune appréhension à passer cinq jours dans ma belle-famille. Lorsque j’arrive sur place, je réalise que ma belle-famille n’a pas changé, la situation est toujours assez compliquée et la communication difficile. Pour autant, cela ne m’affecte plus. J’observe que mon mari et mes filles souffrent de cette situation et que je n’y avais jamais prêté attention. Je deviens un soutien et une oreille pour eux, j’en suis très heureuse. En résumé, les difficultés n’ont pas disparu, mais je ne suis plus affectée par elles, et, ça, c’est juste Génial !!

Quelques remarques :

Quand il y a une forte mobilisation émotionnelle du système, avec ses tapotements l’EFT aboutit presque invariablement et rapidement à un impressionnant effet d’apaisement. Au moment où Marie m’a appelé, elle était particulièrement exaspérée, frustrée, mécontente… C’était le bon moment !

Marie a l’habitude de se « scanner » pour trouver une réponse en elle. Ainsi, un souvenir précis de son enfance a rapidement pu émerger.

L’importance de l’impact sur l’enfant d’une animosité non réglée entre adultes est très présente dans cette histoire.

Une connexion respectueuse et non directive avec l’enfant intérieur est primordiale, car elle ouvre la possibilité pour l’enfant de reconnaître ses propres désirs et le moyen de les satisfaire. Ici la petite a exprimé le désir d’un rapprochement avec son grand-père et imaginé le moyen d’y parvenir.

Le souvenir, qui était tel un trauma fortement refoulé incarcéré dans une capsule, correspond avec une grande précision au vécu de Maria depuis vingt dans sa belle-famille.

Quand le trauma a été libéré de sa « capsule temporelle », les problèmes avec sa belle-famille se sont tout naturellement dissipés.

BvH

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1 Commentaires

Ne sera pas publié

Envoyé !

Anonyme
28 JANUARY 2024 à 20:38

Très belle démonstration de cette technique merci

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